dimanche 3 juin 2012

Une leçon

bienveillance, nom féminin :
Définition : disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui.


Synonymes : affabilité, aide, altruisme, amabilité, amitié, bénévolence, bénignité, bienfaisance, bon accueil, bonne volonté, bonté, bon vouloir, charité, clémence, coeur, complaisance, compréhension, condescendance, cordialité, débonnaireté, dévouement, douceur, faveur, générosité, gentillesse, grâce, honnêteté, humanité, indulgence, intérêt, magnanimité, mansuétude, obligeance, ouverture d'esprit, prévenance, sympathie, tolérance.

Pour le commandant Licart, la bienveillance devait être une des qualités primordiales d'un dresseur.

Sommes-nous toujours bienveillants à l'égard des chevaux ? Je crains que la réponse soit négative. Peu de gens peuvent se targuer d'avoir un calme à toute épreuve, une bienveillance sans faille... et surtout sans que ces qualités ne soient issues de très longues années de pratiques équestre où elles ont pu briller par leur absence. Une découverte amenée par l'experience... mieux vaut tard que jamais, mais tôt aurait été préférable.

Et au delà de la bienveillance envers les chevaux, il en va aussi de la bienveillance que l'on peut avoir pour soi-même en tant que cavalier. Accepter ses erreurs, ses lacunes, ne pas placer la barre au sommet de l'Everest, ne pas blâmer le cheval par mauvaise foi.

Si j'ai un garde fou pour la première option qui est de descendre quand je sens que ça ne va plus, je suis une grande spécialiste de la seconde... qui m'amène bien évidement à la première. Et le cercle vicieux démarre ainsi.
Entre hier et aujourd'hui, j'ai pris une bonne leçon de bienveillance. Leçon que je partage, si elle peut servir à qui que ce soit.

Hier j'étais donc à cheval sur T. un gros KWPN aussi talentueux que froid (et inversement). Le genre Die Grosseuh Machineuh doté d'un diesel de sous-marin. Top quand il est en route, encore faut-il le démarrer.
Hier le moteur est resté froid, hier le chef était dans le manège et montait pendant que je montais. Hier j'ai eu honte de moi et j'enrageais à l'idée de ne pas arriver à obtenir le quart du dixième de ce que je peux avoir quand je suis seule. Hier j'ai préféré renoncer dans l'amertume. Le chef a résumé ça par un laconique "tu fuis". Qui s'en est suivi par une conversation sur l'acceptation et la bienveillance.
Je suis rentrée chez moi d'une humeur de chien.
J'ai mis la nuit pour digérer.

Aujourd'hui je me suis dit "je m'en fous, je prends ce qu'il me donne".  Voyant que ça démarrait aussi mal j'ai refais mes bases, mes gammes, j'ai cherché une solution en acceptant que le diesel ne se lance pas comme je le voudrais.
Au bout d'une quinzaine de minutes de solfège tranquille (et bienveillant !), T. s'est mis tout seul dans un nouveau trot rassemblé. Pas un trot "Holywood", pas un trot de grosse mécanique comme il sait le faire, juste un joli trot sobre aussi agréable à regarder qu'à monter. Un trot que je n'avais jamais eu avec lui, et dont la découverte m'a enchantée.
Peut-être que ce trot là ne reviendra pas demain, peut-être que si. Mais ça n'a aucune importance, la leçon du jour n'était pas ici.

La leçon du jour était une leçon de bienveillance, aussi nécessaire pour l'humilité que pour l'estime de soi. Les deux vont très bien de paire et je remercie T. de me l'avoir expliqué et de m'avoir réconciliée avec moi-même.



Note : un peace tie dye je trouvais que c'était très indiqué pour illustrer cette note pleine de mièvrerie. Et puis ne faites pas les rabat-joie je suis sure que ça vous rappelle vos beaux t-shirts javelisés des années 90 !


2 commentaires:

  1. mon dieux j'ai les larmes... pour deux raisons :) la première, le plaisir de vous relire... enfin... j'avais cessé d'espérer tout simplement... la deuxième parce que dans ces lignes je me retrouve... et que ces mots soulèvent en moi tant d'émotion... j'ai les mêmes doutes, les mêmes questions sur moi-même qui me taraudent quand je sais que j'ai trop exigé, rien obtenu et que c'est mon unique faute...
    Alors je pense tristement à cette phrase de Pluvinel : "(la gentillesse) est aux chevaux comme la fleur sur les fruits, laquelle ostée ne retourne jamais". Et je me dit, qu'elle n'est qu'à moitié vrai cette phrase qui me vient à l'âme de temps à autre, et que mon cheval est un monstre de bienveillance, lui, et que je ne le mérite pas...
    Etre digne d'eux... voilà mon combat solitaire quotidient. Qu'il est long le chemin, que les embûches sont nombreuses. Pourquoi est ce si difficile de se montrer au maître ou a d'autres ? Pourquoi, depuis que je cherche la légèreté et la décontraction je me suis rendu compte que je n'arrive pas à décontracter mon visage quand je monte ? Parce que, comme vous l'avez si joliment écrit, je veux souvent trop au lieu de juste prendre ce qu'il me donne quand ça arrive... alors une autre phrase me vient : "si jeunesse savait, si vieillesse pouvait" et de conclure en espérant que la sagesse sera ma compagne de chaque leçon avant qu'elle ne me serve plus à rien ;)
    sylou

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  2. Tu le connais bien, Gros Machin! depuis le temps! je crois aussi qu'il t'a dit que la pression que tu te mettais toi même parce Chef était présent, t'a bloquée, t'a empêchée d'être toi même! et il n'a pas voulu te donner ce que tu demandais car il ressentait ta pression, ton inquiétude, ta peur de mal faire devant ce témoin si important pour toi! et il t'a dit: "sois toi-même"...
    SuperCrack

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